Je suis très fière de vous présenter le portrait de Marie Louise Sorbac pour cette troisième édition de Woman Talk. Cette artiste sculpteur Franco-Argentine née à Buenos Aires fait des oeuvres absolument sublimes. Arrivée à Paris à 18 ans, elle voulait suivre des cours aux beaux-arts. Arrivée trop tard pour l’inscription, la vie l’a menée sur un autre chemin. Mais à 50 ans, changement de direction, elle vit maintenant de son art. Rencontre avec une femme inspirée, inspirante et qui nous montre que notre âme d’enfant n’est jamais bien loin. Il faut juste lui prêter attention.

Quel est ton parcours professionnel ? As-tu toujours voulu être artiste ?

Mon parcours professionnel a été un parcours riche et divers. De la compétition automobile aux sacs à main pour femme, en passant par les parfums et le mobilier design … Des voyages et des rencontres dans tous les sens. Parcours de salariée, de travailleuse acharnée pour développer le chiffre d’affaire des entreprises dans lesquelles j’ai évolué, pour les faire connaître et les faire s’exporter.
A la suite de ça, à cause où grâce à des événements marquants dont le décès de ma mère, ma vie s’est transformée. J’ai commencé a ressentir le besoin de devenir quelqu’un reconnu autrement que par le développement du chiffre d’affaires. Etre quelqu’un parce j’avais d’autres choses à dire, à faire, à accomplir. C’est là où ma vision du monde et de moi-même à changé. 

Je pense que j’ai toujours été artiste sauf que je ne le savais pas. Ça ne s’imposait pas à moi sauf dans l’amour des belles choses, des belles couleurs, des matières, des formes. J’ai toujours eu ça de façon naturelle, il y a toujours eu une fibre artistique et un goût pour les beaux objets.
Il m’a fallu passer par 25 ans de direction commerciale, par plein de voyages, de belles rencontres, pour un jour me rendre à l’évidence que tout ce parcours était là et me préparait à devenir un jour artiste.

Qu’est-ce que t’apporte ton passé aujourd’hui, en tant qu’artiste ?

Ces 25 années passées à côtoyer d’autres directeurs, des importateurs, des agents, avoir été dans le développement des marques, avoir dû compter, m’a sûrement aidée au juste calcul du prix de mes oeuvres.  Aux côtés des créateurs et stylistes j’ai appris une idée du marketing, une manière très visuelle de mettre en valeur les collections, et aujourd’hui à mettre en valeur mes sculptures …. Je pense que rien n’est dû au hasard. Tout ça a forgé mon caractère, ma vision du monde et fait partie intégrante de l’harmonie qui se dégage des sculptures que je crée.

Où puises-tu ton inspiration ? Pourquoi les animaux ?

Mon inspiration vient de tout ce que je vois, de tout ce que je vis, de tout ce qui s’offre à moi. Elle n’est pas très rationnelle. Quand je suis les mains dans la terre, que ma créativité va donner vie à un ours par exemple, appelé Prosper, je suis très concentrée dans ce que je fais.  Dans ce même temps,  il peut arriver une image à ma conscience et cette image me guidera pour créer le prochain animal.

Quand j’ai crée ma première sculpture animale en terre, un taureau nommé Pablo, j’entendais beaucoup les gens me dire « C’est ta patte, vas y, continue ! ». Il me fallait donc imaginer dans cet esprit tout ce qui à suivi … Depuis, j’ai acquis une ligne de conduite, de création.

J’ai compris que pour exposer c’était bien d’avoir un « concept » . Je n’aime pas rentrer dans des cases mais l’unité que constitue ma ligne « Absolues », par exemple, montre qu’il y a un fil conducteur. C’est important pour les galeristes, les acheteurs et les collectionneurs de voir qu’il y un style Marie Louise Sorbac.

 En ce qui concerne le choix de faire des animaux, je pense que la nature est impressionnante, elle regorge de mille différences : des pelages courts, longs, mi-longs, des 4 pattes,  des 2 pattes, animaux avec cornes, sans cornes, de couleurs étonnantes et diverses. Je suis née en Argentine, j’ai eu un contact avec la nature et les grands espaces dans mon enfance qui ont dû me marquer.

Quelles sont les difficultés rencontrées en tant qu’artiste et en tant qu’indépendant ? Comment les surmontes-tu au quotidien ? 

Devenir artiste ne s’est pas produit du jour au lendemain pour moi, comme un coup de baguette magique. Quand je me suis mise à modeler en 2004, j’ai fait quelques pièces pendant un an et demi et puis j’ai tout rangé dans des cartons pour cause de déménagement.  Une fois arrivée à bon port, peu à peu j’ai ressorti ces sculptures et le hasard a voulu que j’en vende une, deux puis trois. La sculpture restait encore un hobbie.

Mais, à un moment donné pour aller plus loin dans ma rencontre avec l’artiste que je suis, un temps de chômage aidant … je me suis fais coacher. J’ai fais quelques séances qui m’ont aidée à me valoriser, à comprendre qui j’étais et ce que je valais.  A travailler l’estime de moi et à combattre mes peurs de me lancer dans ce nouveau monde qu’est de devenir artiste, de se sentir artiste. A aussi visualiser des scènes qui peuvent être dérangeantes comme entendre des personnes critiquer mon travail, pour ensuite mieux les appréhender … et ne plus y attacher d’importance.
Ce cheminement pour devenir artiste a été une vraie guérison pour moi. Enfant, j’avais toujours dans mes carnets de classe: « Peut mieux faire ! ».  Aujourd’hui, il n’y a plus personne entre la création et l’arrivée de l’oeuvre chez quelqu’un d’autre. Etre le seul maître à bord.

C’est là aussi, la difficulté. On se retrouve à la tête d’une mini entreprise : s’autofinancer, s’occuper de la comptabilité, des frais, de la création, de la production, de la réalisation, des sculptures, des livraisons, de la vente, d’organiser des portes ouvertes pour montrer mon travail, de choisir des galeries à l’étranger comme en France, les salons où exposer et de vivre aussi. Tout repose sur mes épaules. J’imagine que si c’est ce que je suis en train de faire, c’est que je peux le faire. Être artiste n’est pas un chemin simple ! La liberté de faire ce que j’aime et d’aimer ce que je fais n’a pas de prix ! Et la sculpture m’a bien rendu ces mérites car grâce à mon travail j’ai été primée et médaillée à plusieurs reprises.

 La liberté de faire ce que j’aime et d’aimer ce que je fais n’a pas de prix ! 

Un conseil à donner à ceux qui veulent vivre de leur passion ?

La première chose je pense, c’est qu’il faut se sentir artiste, réellement au fond de soi. D’aimer ce qu’ils font, tout en ayant conscience de leur valeur, de leur potentiel. C’est au moment où l’on a conscience de notre valeur, que l’on peut donner une valeur à chaque objet que l’on crée.
Le deuxième conseil serait de s’entourer de gens compétents chacun dans leur domaine, par exemple, je ne suis pas très douée en réseaux sociaux, mais je m’entoure d’amis ou d’experts qui m’aident dans ce domaine.

Avec la crise actuelle, il y a aussi des ajustements à faire pour que mon site devienne un site « marchand » plutôt qu’un site « image » , que mes newsletters soient plus orientées vers la vente, me mettre au « click and delivery » … Cette épidémie m’a obligée à devenir ma propre galerie, le temps de leur fermeture.

En parlant de la crise sanitaire, l’art est devenu « non essentiel »,  la culture est passée au dernier rang,  souhaites- tu réagir ?

La culture est la première chose que des villes mettent en avant lorsqu’elles ont besoin de faire parler d’elles. Dans cette ville, a habité tel écrivain, tel sculpteur, tel peintre, tel architecte …. le tourisme en profite, les journées du patrimoine aussi, mais le jour où il faut venir en aide à un artiste, ça se complique. On est extrêmement pénalisés. Bien sûr, il faut prendre des mesures pour stopper cette crise mais il y a des incohérences, comme dans d’autres domaines d’ailleurs.

Les artistes indépendants doivent pouvoir trouver une place plus claire dans la société. On ne rentre dans aucune case, pourtant nous sommes une classe importante de la société et qui mérite d’être beaucoup mieux prise en compte aussi par les médias. Nous oeuvrons pour la beauté de la France, pour sa renommée, pour sa place dans le monde.

Une femme qui t’inspire ?

Coco Chanel pour son immense talent, son génie, son courage. Tout au long de sa carrière elle a su réinventer la mode et l’allure de la femme, classique, une pointe de fantaisie mais tellement féminine. Je trouve ses créations superbes.

Une artiste qui n’a pas eu la vie facile et qui à su imposer sa vision de la mode et de la femme, et qui a marqué ma culture du féminin.

 

 

Vous pouvez retrouver Marie Louise Sorbac sur son site internet, http://www.marielouisesorbac.com et sur son instagram @marielouisesorbac_sculpteur .
Mais aussi a la galerie Estades place des Vosges, chez Couck Art à Bruxelles et de façon permanente dans son atelier/appartement/galerie.  Visite privée d’atelier sur demande.
Elle se réjouira de vous accueillir dans son univers. Son mail : mlsculpteur@marielouisesorbac.com

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14 Commentaires
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Marie Louise Sorbac
4 décembre 2020 19 h 34 min

Merci ma chère Paloma, quel beau moment partagé lors de cette interview ! J’ai passé un superbe moment en ta compagnie et cet espace de parole est mené de main de maître par toi. Bravo !

Lucie Pardo
5 décembre 2020 4 h 29 min

Trés joli article, le cheminement artiste dans sa réalité et des oeuvres qui le font oublier ! bravo !

Michel Landron
6 décembre 2020 22 h 26 min

Une belle histoire, harmonieuse et inspirante.
Merci Paloma, merci Marie-Louise

Béatrice Landron
7 décembre 2020 22 h 42 min

Un bien beau portrait tiré dans un dialogue à bâton rompu. Marie-Louise est pétrie d’une force qu’elle parvient à concrétiser dans son oeuvre non sans pétillance.

Franck Boss
8 décembre 2020 20 h 55 min

Très bel article pour une belle artiste.
Beaucoup de sensibilité.
Bravo.

Julie
16 décembre 2020 20 h 12 min

Magnifique article pour une artiste que j’apprécie et que j’ai eu plaisir à découvrir ✨
Bravo à vous 2

Anne-Sophie Arjaliès
17 décembre 2020 20 h 49 min

Merveilleux article à l’image de l’artiste citée. Je ne peux que vanter les mérites et le talent de Marie-Louise car récemment détentrice de Valentin l’éléphant aussi somptueux qu’élégant. Bravo Paloma de partager avec coeur et émotions ces tranches de vie qui nous font grandir.