J’ai repris mes études !
Depuis deux mois, je mène une double vie d’étudiante. J’avais besoin de plus que mon métier de mannequin ou comédienne… Que toute la pression ne repose plus sur mon corps. Ce cher corps souvent remis en cause, jugé et malmené dans mon métier au quotidien. Je voudrais lui laisser un peu de répit.
Paloma in The City a déjà deux ans et je vous écris chaque mois avec passion sur des sujets comme la culture, le voyage ou mes rencontres avec des femmes inspirantes. J’ai donc naturellement commencé une formation courte de journalisme en cours de soir ! C’est une vraie joie pour moi d’écrire, d’apprendre de nouvelles choses…. Le luxe de redevenir étudiante.
Il y a quelque semaines, nous avons du écrire une chronique judiciaire !
Pour cela je me suis rendu au tribunal correctionnel de Paris (en France, c’est ouvert au public), et j’ai pu regarder le jugement de six affaires. C’était une expérience très puissante. Pas le droit de faire des photos ou d’utiliser son smartphone mais prendre des notes est autorisé. Une des affaires était ahurissante. Je vous livre ma chronique sur celle ci.
PS: Tout est vrai, seuls les noms ne sont pas donnés des raisons évidentes de respect de la vie privée.

« Je ne savais pas qu’on n’avait pas le droit de palper les seins des Françaises »
Tribunal de Paris
Cheveux grisonnants, le visage rose et frais comme un poupon, le président appelle à la barre le prévenu : Monsieur S.
Originaire de Somalie, en situation irrégulière en France, il s’approche le regard un peu perdu et explique en bon français :
« Les lois ici je ne les connais pas, je ne sais pas si on peut toucher les femmes ou pas. Leur palper les seins ou pas.
Je la trouvais belle, je voulais faire connaissance. Je voulais qu’elle m’apprenne le français. »
La salle ne peut s’empêcher de glousser, un homme étouffe son rire. Devant ce comique de répétition, nous sommes presque au théâtre.
C’est pourtant avec ce discours lunaire que Monsieur S répond de son agression sexuelle sur une jeune femme handicapée, quelques semaines auparavant. La victime s’est fait palper les seins, les cuisses et les hanches, mais s’est défendue à grand coups de béquilles.
Elle fumait une cigarette devant un établissement scolaire où elle se formait au BAFA.
La jeune fille crie, et coup de chance, des policiers accourent prenant le jeune Somalien en chasse.
Le président d’une voix ferme nous rappelle les faits :
« Il a sauté dans le canal non loin et s’est caché derrière un bateau pour échapper aux policiers. » Ironie du sort, ce sont finalement les policiers qui aideront Monsieur S à sortir de l’eau.
Bien en chair, avec de petites lunettes noires rectangulaire sur le nez, l’avocat de la victime arbore un léger sourire.
Il est d’une bonhomie irrésistible. Il sait qu’il ne lui en faudra pas beaucoup pour défendre sa cliente qui n’a pas souhaité assister au procès.
Elle demande 15000 euros de dédommagements. Il nous rappelle que les séquelles des agressions sexuelles peuvent être lourdes !
« Oui certaines réussiront à passer à autre chose rapidement, mais la plupart doivent vivre avec ce poids de nombreuses années. »
La procureure, d’environ 35 ans va surprendre le public.
Vêtue de la robe noire de sa fonction, elle arbore pourtant de grosses boucles d’oreilles dorées et un chouchou en satin fuchsia.
L’habit ne fait pas le moine.
Derrière une image « rose bonbon », pianotant sur son ordinateur doré à la vitesse de l’éclair, elle démarre un plaidoyer vigoureux.
« Ce dossier est répugnant, venir agresser sexuellement une jeune femme en invalidité ! Il a le cynisme de venir nous dire qu’il ne savait pas qu’il n’avait pas le droit de palper les seins des Françaises ! On comprend que la victime ne veuille pas venir quand on entend ces énormités !
Il se moque du monde »
Le couperet tombe : six mois d’emprisonnement et 5000 euros pour le préjudice moral.
Affaire classée.
Ecrit par Paloma Felix
« On comprend que la victime ne veuille pas venir quand on entend ces énormités ! »
Et parce que cette chronique me donne l’occasion de parler d’agressions sexuelles, je voudrais rappeler :
- Quelles que soient les circonstances de l’agression, vous n’y êtes pour rien.
- Aucune tenue, aucune parole ou aucun comportement de votre part ne justifie les violences sexuelles.
- L’auteur des faits est le seul responsable. Le coupable est l’agresseur.
Une enquête Ifop en 2018, nous informe que 86% des Françaises ont, au moins une fois, été victimes d’une forme d’atteinte ou d’agression sexuelle dans la rue.
So proud of you girl! Quel drôle d’article, comme c’est agréable et rafraîchissant à lire!
bravo !!
Super article, intéressant, drôle et triste à la fois. Ton style s’affirme 😉 Bravo
Très bien écrit!!
Drôle, rédigé avec très bon rythme!!
Bravo Bravo!!
Bravo Paloma, très belle reconversion. Tu as un vrai talent pour raconter et pour écrire ! Continue de « mettre en écrits » tes aventures, tu nous régales !